Le grand cyprès toise nos regards, les pages absorbent l’encre noire, origamis de ma pensée, faut-il les déplier ?
Le liquide de ma plume est âpre, catalyse les idées qui naissent loin de ma voix, alors le liquide ressasse jusqu’à ce que la parole puisse advenir. L'ébène argent bouscule mes certitudes, en brodant sur ma peau sa fortune filament, une surprise solennelle, déliés sont ces sillages, lointains sont les miroirs. Ta peau éclot sous la chaleur écrasante je voudrais te demander “es-tu l'ébène argent sous le saule et sous le cyprès aussi ? ”. Alors que tu lis les lignes, que sans savoir je te confiais, je songe aux poèmes convoités de l’histoire que nous écrirons un jour,
un jour
mais pas demain.

L’hiver t’attend sans les changements et moi je t’attends, toujours à la mesure, toujours avec espoir, mais sans prédication et la mélodie de nos rires, des récits inconnus, là où ta main a frôlé ma peau cette nuit où le grand cyprès ou bien le saule, la raison du monde délié sous tes pas.
Nous savons tout ensemble, cette espiègle lascivité dans le contact et l’acier est toujours feuilleté devant les volets bleus, derrière le grand pommier, certaines choses ne pourront jamais changer, alors, j’arrime la rive, j’enveloppe les si sous ma justesse trop habile, me permettant de douter, de bousculer les limites infranchissables de cette histoire à raconter. Tu es un conte pour moi, tu es l’environ et la justesse. Le temps n’est il qu’un succédané de ma pensée ? Ne t’aurais-je connu qu’une brève seconde ? mais je concède savoir tout de toi, sans faire fi de l’inconnu, de l'immatérialité des chemins que nous n’avons encore empruntés.
Peut-on tout connaître même à l’endroit qui n’est point advenu ?
et quand ton ouragan frôle mon dos, je cascade les marches des lendemains et je voudrais tenir ta main, pour te donner à voir ce monde qui est mien, où rien ne semble faire sens, puis parcourir le tien, qui donnerait sens à l’insensé,  à nos sourires, à ce qui subsistera si l’hiver ternit et où l'océan lisse les souvenirs.
aurais-je tant de tristesse à parcourir d’autres chemins que ceux que nous aurions pu construire au milieu des rires ? quand chacune de mes facéties ancrent l’étonnement dans ton regard, comment pourrais-je savoir si toujours la surprise surgira à ton endroit ? alors que nos peaux se frôlent à nouveau. Sous mon regard, tu n’aurais de cesse de me surprendre et nous n’aurons de cesse de savoir tout ce qu'il y a à humer de ce langage, qui n’a pourtant pas eu la délicatesse de se construire, de tes yeux à mes yeux.
ma plume est brisée à un endroit, mais pas celui de toi, une fois encore, raconte moi cette histoire, qui ne brève jamais de lassitude, où notre été est né.